Vingt ans, déjà…
« Il y a maintenant bien des années que je rencontrai pour la première fois Colette Jégouzo. Qui aussitôt me parla avec une passion communicative de cette formidable entreprise qu’elle avait créée quelque temps plus tôt. Réunir des étudiants des universités parisiennes de diverses disciplines, en un orchestre et un chœur qui monteraient plusieurs programmes chaque année pour les donner en concert. J’aime ici ce mot de « donner » un concert. Donner de soi, donner à partager la beauté par le fruit de son travail. Inutile de dire combien d’emblée j’ai été conquis.
Car si cette pratique est largement répandue dans les universités anglo-saxonnes, on ne la rencontre que rarement dans les pays latins. Et pourtant, quelle exceptionnelle source d’équilibre et d’épanouissement pour chacun ! Et quel magnifique apprentissage de la vie sociale ! À l’orchestre ou dans le chœur, on ne peut obtenir une sonorité collective et participer à un discours sonore cohérent que par l’écoute mutuelle des uns et des autres. Régler son jeu, son timbre, son intensité, ses attaques, son phrasé, son articulation en fonction des autres, dans un but commun. À l’image d’une société où tous sont solidaires pour un idéal à atteindre et y trouvent leur gratification et leur bonheur.
Les réussites de l’orchestre et du chœur des universités de Paris montrent à quel point des jeunes d’aujourd’hui peuvent s’impliquer dans un grand projet artistique, pour faire vivre cette musique « classique », ou « savante », si négligée, voire décriée par ceux qui l’ignorent. Au fil des ans, j’ai pu constater l’évolution de l’entreprise. L’accroissement du nombre des participants, l’élévation de leur niveau technique et artistique, la qualité de leur engagement, les progrès accomplis malgré l’inévitable renouvellement des effectifs d’une année à l’autre, et cela dans des répertoires toujours plus difficiles. Ces « amateurs » au sens le plus noble du terme, ces étudiants qui aiment la musique et la pratiquent, ont pu apporter les chefs-d’oeuvre dans les lieux de concerts les plus divers, à Paris ou en province, et réaliser des échanges avec d’autres formations du même genre, à Madrid comme à Berlin.
Arriver à si bien jouer et chanter Mozart et Tchaïkovski, Chostakovitch et Ravel, Brahms et Prokofiev : il a fallu pour cela l’énergie et la volonté des animateurs tout autant que l’encadrement musical approprié. Un chef d’orchestre et un chef de chœur de la plus grande compétence, mais possédant aussi ce charisme, cet enthousiasme et cette force d’entraînement sans lesquels les étudiants délaisseraient rapidement une activité aussi exigeante qu’exaltante. Adoubés par les étudiants eux-mêmes, admirés par le public, les merveilleux musiciens que sont Carlos Dourthé et Guillaume Connesson transmettent leur savoir avec un talent et une efficacité dont témoignent les résultats artistiques obtenus.
Maîtriser les difficultés de grandes partitions par le travail en répétitions quand on poursuit ses études supérieures de chimie ou de philosophie, n’est-ce pas un défi ? Ce défi, l’O.C.U.P. le relève largement pour notre plus grand bonheur. Bravo, merci à tous, et longue vie à l’orchestre et au chœur des universités de Paris ! »
Gilles Cantagrel
A cette occasion, un concert du choeur et de l’orchestre exceptionnel aura lieu le 13 Mars 2013 au théâtre des Champs-Elysées!